Faites-en profiter vos ennemis pour Noël !
Eminent spécialiste de la littérature approximative au sein de notre blog autiste, Hervé Rollet-Preux publie ce jour la deuxième édition de son recueil de nouvelles "Vaines Nouvelles des Pays Riches".
Vous avez pu lire sur ce blog des poésies splendides issues de ce livre, ce qui devrait achever de vous convaincre, sauf si vous avez un temps soit peu une nature rationnelle.
Le titre est de loin le meilleur extrait du livre.
Description :
Livre de poche, 124 pages dont couverture et 4e couleur. Contenu avec pas mal d'espaces blancs, pour justifier le prix. Frais de port inclus dans le prix pour la France métropolitaine.
Voici la description du projet tel que présenté sur le site qui a permis son financement :
"Vaines nouvelles des pays riches" est un recueil de trois nouvelles d'Hervé Rollet-Preux abordant les thèmes de l'amour, de la folie, de la violence, de la parenté et de la cuisson des encornets.
Ces trois nouvelles sont moyennes, mais écrites avec beaucoup de ferveur. C'est le propre des créations qui n'ont pas été commandées, mais qui naissent pour répondre à un besoin.
Cette création, je l'ai faite lire à quelques personnes (qui se reconnaîtront), et leurs encouragements m'ont poussé à faire imprimer le bouquin. Sans aucune prétention, sans aucun exhibitionnisme. Je propose juste de partager un moment. En plus, j'ai fait une couverture de qualité.
Embrassez votre gendre de ma part.
Commandes :
Pour commander un exemplaire, c'est simple :
1) Prenez contact avec l'auteur via cette adresse mail :
herverolletpreux@gmail.com
Ou cette adresse facebook :
https://www.facebook.com/Hervé-Rollet-Preux-de-lapandémie-française-1514519268840928/?fref=ts
2) Si les stocks le permettent et si vous avez le feu vert, flambez la modique somme de 12 € par exemplaire par chèque à l'ordre et à l'adresse fournies, ou via le lien paypal qui vous sera communiqué.
3) Attendez une semaine et délectez-vous de recevoir le livre par voie postale (profitez-en, c'est le meilleur moment)
Merci de votre confiance.
La Saint-Valentin approche. Cela a inspiré notre bon Robert qui, dans son courageux combat contre les clichés sexistes, écrit ici l'universel éloge de la salope.
"Vous pouvez le réciter à votre compagne le 14 février, mais aussi à votre maman le jour de la fête des mères"
Merci Robert.
"M’est d’avis qu’y en a une qui doit pas chômer là-bas dedans !" On a dit merci, Robert.
Eloge de la salope
Cette délicieuse salope aux mœurs libertines
Agitant d'alliciantes courbes, jouant tant de ses charmes
A ému mon cœur fourbe et si dépourvu d'armes
Qui s'obstinait à croire en une vie sans cyprine
Généreuse, elle ouvre son cœur, et bien plus encore
Au premier des badauds, fût-il de bronze ou d'or
Qui parle de partage sans l'avoir rencontrée ?
Qui évoque la liesse sans l'avoir caressée ?
Qui es-tu, toi, exquise catin, qui estompes ma peine ?
Qui t'offres par ciel d'orage, ou par temps gracieux,
Adorable traînée, qui couches où le vent te mène,
Qui essaies sans faiblir l'ensemble des messieurs ?
Je t'aime, [Insérez ici le prénom de la femme à qui vous récitez ce poème].
Je t'aime.
Robert Parallélépipède.
Cela faisait un petit moment déjà que les laboratoires Beneties avaient demandé à Marie-Christelle de chroniquer sur le film coup de poing de Michel Audiard. C'est désormais chose faite, sans que l'on sache si ça valait bien le coup.
César (Niels Arestrup) et Malik (Tahar Rahim) rivalisent de bêtise pour servir notre dégoût.
Audiard n'est prophète en son pays
Avec « Un prophète », le cinéaste s'essaye à l'apologie du crime. Malvenu et vulgaire.
Se lancer dans le visionnage d'un film de Michel Audiard, c'est à coup sûr s'offrir un plaisir visuel couplé à une réflexion primordiale. C'est apprécier le sens du détail, et jouir d'un film polémique. Un prophète, film prenant place très majoritairement en prison, n'échappe pas à la règle, en tout cas du côté de la réalisation : les plans sont nerveux, séant parfaitement à l'ambiance carcérale, et le rythme est effréné, tirant le spectateur vers toutes les magouilles de personnages complètement timbrés : dealers, avocats ou affidés, aucun des personnages de l'histoire n'est tout blanc, et, bien malheureusement, aucun ne semble éprouver de remords. Ni même de regrets. Et le plus inquiétant, c'est que pas un ne semble même capable de se poser la question des conséquences.
Morale à l'envers
Des questions, en voilà : A quoi joue Audiard ? Que penser de cet odieux « héros » (puisqu'il convient de l'appeler comme tel), Malik, qui n'a tiré aucune des leçons sociétales de la prison, et qui, après un séjour au frais pour violence sur un agent de police, recommence ses délits sitôt sorti (lors même de des permissions) ? Que penser de ce parrain corse, terrible et sanguin, manipulateur parmi les manipulateurs, et filmé avec tant de complaisance qu'on en vient à se demander si ce qu'il fait n'est pas bien ?
Là est le vice : « Un prophète » prend un plaisir machiavélique à humaniser le prisonnier. Peu importe qu'il soit un simple dealer, un violeur ou un parrain de la mafia corse. L'empathie cynique du film donne la nausée. On ignore si le réalisateur entretient une fascination, ou pire, une admiration pour la délinquance, mais le mal est fait : « Un prophète » dédramatise le crime. Et par là-même, l'encourage. Et c'est nauséabond.
Beaucoup de bruit pour rien
Tant de travail de réalisation et de montage au service d'une morale aussi insupportable frise la faute professionnelle. Les idées intéressantes, comme les scènes de classe, tombent irrémédiablement à plat tant le personnage principal ne tire pas profit de ses apprentissages et rencontres. C'en est terriblement dommage quand on jauge les possibilités infinies qu'offrent au cinéma les milieux conjugués de la pègre et de la prison.
Au final, reste le vide. Un film complètement creux, sans l'once d'une idée, sans l'esquisse d'une réflexion. Un film trop long de deux heures et demie.
Marie-Christelle Théodorisée
On a demandé à Marie-Christelle d'expérimenter pour nous une nouvelle MDMA. Et de chroniquer sur le dernier film de Jon Hurwitz et Hayden Schlossberg, American Pie 4. Le problème, c'est qu'elle a fait les deux en même temps...
Sous le potache, les lettres... American Pie 4 est truffé de références aux grands poètes des temps modernes.
Hugo, Verlaine et Stiffler
American
Pie 4, de Jon Hurwitz, Hayden Schlossberg
2012.
Avec Jason Biggs, Alyson Hannigan
Américain,
114 minutes
Ados
du monde entier, fuyez ! Les héros ont grandi, le public visé
avec... Place à la littérature !
Cinéphiles
de la dernière averse, passez votre chemin ! Cartésiens,
rationnels, du balai, ce film n'est pas pour vous.
La
voilà, la surprise de 2012 : American Pie 4 s'adresse aux poètes.
Symbole : la conclusion de cette saga délurée vise les spectateurs
avertis. Les intellos. Les littéraires. Les érudits.
Quelle surprise de voir Hurwitz et Schlossberg tenter ce pari-là ! Eux qui ont tant pâti des critiques (acides, sévères parfois, comme les nôtres) de leurs précédentes productions nous adressent le pied-de-nez ultime : oser nous amener sur le dangereux terrain des références littéraires. Car c'est bien de poésie dont il s'agit : American Pie 4 est pétri de littérature, truffé d'hommages subtils à l'oeuvre des grands auteurs français des XVIIIe et XIXe siècles...
Voltaire, ce coquin
A
tout seigneur, tout honneur. Le film ouvre sur une séquence qui
annonce le ton : La parade grand-guignolesque de Stiffler permet
d'attirer une amante potentielle dans sa chambre pour ce qu'il
convient d'appeler, au choix, une étreinte émue ou une intense
partie de baise... Vulgarité, me direz-vous ? Voltaire ! vous
répondrai-je ! Vu et revu ? Non ! Hommage à l'oeuvre de ce
fantastique libérateur de pensée et philosophe du plaisir. L'oeuvre
en question s'intitule « Polissonnerie », et pas besoin de longue
étude pour repérer l'inspiration qu'en ont tiré les auteurs : «
Je cherche un petit bois touffu, / Que vous portez, Aminthe, / Qui
couvre, s’il n’est pas tondu / Un gentil labyrinthe. / Tous les
mois, on voit quelques fleurs / Colorer le rivage ; / Laissez-moi
verser quelques pleurs / Dans ce joli bocage. »
Alors oui, la rhétorique employée dans le film n'est pas celle, fine, subtile et scandaleuse, qu'a pu tenir la Lumière en 1730, mais les indices hurlent... Stiffler : « Je vais foncer droit dans ta culotte, et si t'as pas tes règles, on se lance dans les polissonneries ! » Outre l'utilisation du titre du poème qui défraya la chronique, le parallèle des deux tirades pourrait surprendre... s'il n'était pas le premier d'une longue série...
Familiarité, immoralité, jubilation
Exemples
marquants, Monte sur moi de Verlaine (Lait suprême, divin phosphore
/ Sentant bon la fleur d’amandier, / Où vient l’âpre soif
mendier, / La soif de toi qui me dévore), métaphorisé ici par une
séquence subtile, où Vicky confond un verre de lait d'amande avec
la semence de son grand père sénile, pourtant ravi de la
plaisanterie.
Les
enfants d'Hugo dans Melancholia, dont «pas un seul ne rit», sont
retrouvés lors du splendide final du film où, dans un mauvais goût
assumé par les auteurs, la progéniture de nos héros (anti-héros
?) est priée d'apporter les sextoys à leurs aïeux pendant qu'ils
partousent ! «Ô servitude infâme imposée à l'enfant ! ...»
Et la série continuera, n'altérant en rien le plaisant rythme de la réalisation. Le coup de maître du film est de parvenir, sous une telle familiarité langagière, et sous une pareille immoralité des mœurs présentées, à glisser un nombre vertigineux de références littéraires. Le spectateur prendra un cours. American Pie 4 est un chef-d'oeuvre de complexité.
Marie-Christelle Théodorisée
Dans un élan de bonté, et sous amphétamines, notre ami Robert vous livre ses secrets pour séduire une femme lors d'une soirée mondaine.
"Aujourd'hui, je vous propose trois quatrains en alexandrins à rimes variées suffisantes. A adresser sur un ton solennel, en évitant l'accent du midi, et si possible en rythme avec une fugue de Bach en fond sonore."
Le ru de l'amour
Lent, suave et si sucré, le ruisseau suit son cours
Musicien romantique, il joue, offre à mon cœur
-Qui se noyait, tragique ! dans l'absence de saveurs-
La douce mélopée, partition de l'amour.
Seul dans la vallée, à quel point est-il beau !
Tortueux mais splendide, ô combien somptueux
Chacune de ses notes est un grain de ta peau
Chacune de ses larmes, un éclat de tes yeux
N'entends-tu ? Ne lis-tu donc pas ma métaphore ?
Ce ruisseau-là n'existe qu'ici pour t'annoncer
Te suggérer, te dire, chanter que sais-je encore ?
Te crier que ce soir, je vais te démonter.
Robert Parallélépipède
L'homme aurait insistemment proposé à une octagénaire ses services sexuels.
"Son seul amour, c'est votre intérieur". Une publicité prémonitoire ?
L'ironie n'a pas de limite. Comment ne pas penser en observant cette affiche de 1997 à F.R., 83 ans, qui porte ce soir plainte pour harcèlement et viol à l'encontre de celui qui s'attache, depuis toujours, à entretenir une image lisse comme son brillant crâne.
Monsieur propre se serait rendu coupable, selon F.R, d'un acte sexuel sous la contrainte. Il l'aurait menacée "de ne pas lui rendre son dentier", et de "confisquer son scrabble dans les plus brefs délais" si elle refusait ses avances.
Le responsable de la brigade de police d'Antonin-les-eaux, bourgade de 1830 habitants où a élu domicile le célèbre chauve depuis 6 ans, déclare n'avoir "aucun commentaire" sur l'affaire et s'attache à écrouer le plus rapidement Mr. Propre en attendant l'enquête, qui ouvrira ce soir.
En attendant, mesdames, soyez vigilantes, car le seul amour de Monsieur Propre, c'est votre intérieur.
Robert Parallélépipède.
Notre bon Robert a visionné pour nous le dernier film en 3D d'Alexandre Aja. Et en est ressorti ébahi :
"Vibrant hommage au cinéma d'auteur des années 20, Piranha 3D a gagné sa place au panthéon des plus grandes oeuvres du septième art."
Robert, passionné par le visionnage de Piranha 3D
Novak (Adam Scott) ne se doute pas que les piranhas l'amèneront à réfléchir sur le sens de la peur.
Piranha 3D, formidablement brutal.
Révolution vintage
Piranha 3D, d'Alexandre Aja
Futile et indispensable, archaïque et novateur, piranha 3D cultive les paradoxes avec brio.
Et si l'innovation autorisait l'accouchement d'un bijou cinématographique... standardisé entre-deux-guerres ?!!
C'est l'impensable question à laquelle il est impératif, depuis le visionnage de ce Piranha 3D, de répondre oui. La prouesse technique que constitue le tournage en trois dimensions est ici au service d'un scénario muet, surréaliste et terriblement dérangeant. La vacuité des dialogues de ces ados attardés ne pensant qu'à « boire, bouffer et baiser » (dixit Novak, le personnage le plus récurrent) n'est surtout pas la preuve d'un énième film n'ayant rien à dire, mais un subtil calcul qu'utilise Alexandre Aja pour rendre hommage à ses maîtres Henri Pouctal ou Marcel L'Herbier, pionniers du film muet qui se développa dès la fin de la première guerre.
Et quand Crystal, blonde incendiaire au corps survolté, s'écrie surexcitée « Il y a des beaux mecs ici, il va falloir se mettre au travail », comment ne pas relever la référence directe au chef d'oeuvre « Au travail » de Pouctal, et à son personnage de Josine interprété avec passion par Huguette Duflos.
Si le sujet traité (l'envahissement d'un lac par des piranhas) peut sembler insignifiant à première lecture, le propos du film est en réalité fondamental. Il est ici question de la phobie de la mort et de son lot d'absurdités (l'héroïne a échoué onze tentatives de suicide avant de rencontrer les piranhas qui, évidemment, auront raison d'elle), mais aussi du traitement infligé à la faune par l'Homme devenu tyran sur sa planète (les piranhas sont éliminés, sans vergogne, jusqu'au dernier).
Le traitement féroce mais mesuré de ces discussions font du film d'Aja une satire existencielle et écologique qui excelle dans l'art de nous dérouter. La caméra semble raffoler de naviguer entre deux eaux, utilisant la technologie 3D pour mieux nous égarer dans des scènes utilisant les codes du cinéma du début du siècle dernier... Vibrant hommage au cinéma d'auteur des années 20, Piranha 3D a gagné sa place au panthéon des plus grandes oeuvres du septième art.
Robert Parallélépipède.
Nos contributeurs permettent l'activité de ce blog « Acide et Cinéma ».
Comment alors ne pas les présenter dès maintenant, eux qui nous servent à la fois de cobayes extrêmement conciliants (ils acceptent sans rechigner des doses phénoménales) et de vitrine internationale (leurs critiques sont lues dans le monde entier, parfois reprises sur les packagings de DVD).
Marie-Christelle Théodorisée :
Oh mon dieu quel regard percant
Née en 1968 à Touffreville, en Seine-Maritime, Marie-Christelle décide dès son plus jeune âge de se tourner vers le cinéma. C'est ainsi qu'a 24 ans, après avoir suivi des études de journaliste, elle entre d'abord comme chroniqueuse 7e art au journal « Les fimeud' Beauvais » où ses critiques acides et éclairées sévissent pendant 4 ans.
Mais de Beauvais à Montluçon, il n'y a qu'un pas que Marie-Christelle n'hésite pas une seule seconde à franchir lorsqu'on lui propose un contrat de rédactrice en chef du magazine « Le cinéma de l'auvergnat » vendu au prix de 31 euros + 4 pour rajouter les agrafes.
La gloire ensuite, avec ce poste décroché en 1999 à Télérama où elle deviendra une fine plume de la critique cinéma et une femme adorée des foules (Robert Hossein dira d'elle, un matin parisien enneigé, qu'elle était la « Marinette Pichon du cinéma »). Diversifiant son activité, on lui confie même le pilotage des interviews des plus grands acteurs et réalisateurs mondiaux. L'apothéose de sa carrière est et restera sans doute cette interview féerique de Tomer Sisley (lire « J'ai donné un rendez-vous à l'Histoire») après laquelle elle confiera toute son émotion.
C'est un honneur qu'elle réserve aux laboratoires Beneties, lorsqu'en 2007, au cours d'un déjeuner accompagné d'Antoine Fabre d'Olivet, elle accepte de devenir chroniqueuse et cobaye de nos laboratoires pharmaceutiques riches en acides.
Robert Parallélépipède :
Il est magnifique
Autre monde, autres moeurs ! Robert n'a rien fait comme les autres. Il commença par le pilotage automobile : Des semaines entières passées à arpenter la France, du Rallye des cévennes au Critérium du Bas-Limousin, pour enfin en 1985 connaître la gloire avec ce titre de Champion de France des Rallyes, acquis pour une seconde devant Georges Sand. Cette dernière lui déclara d'ailleurs dans un vibrant hommage que « Alfred de Musset aurait adoré être (son) copilote ».
Son statut de pavé droit ne le perturba pas une seconde lorsqu'en 1993, Phillippe de Villiers le contacta en urgence pour l'inviter à ses côtés à la rédaction en chef du magazine trimestriel « La cuisine fastoche ». Robert accepta et connut un succès assez relatif avec cette publication qui parût 9 mois seulements (soit 3 numéros).
La revanche était prise en 2001, avec sa désormais célèbre chronique dans L'hebdo du cinéma intitulée « Robert tarbouledge », où, chaque semaine, il expérimente le visionnage cinématographique sous l'emprise de diverses drogues.
Son arrivée chez Beneties, lors du lancement en 2006, constitue donc un prolongement logique de la carrière de celui dont les détracteurs disent qu'il n'est « qu'un polyèdre, de toute manière ».
Qu'a bien pu vouloir dire Marie-Christelle Théodorisée dans sa critique du film Camping 2 ? La seule manière de le savoir est de passer, comme elle, par les laboratoires Beneties pour expérimenter nos meilleurs produits.
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Réflexion sur la connaissance de soi-même, Camping 2 surprend.
Où l'on rencontre Socrate en moule-bite
| Camping 2, de Fabien Ontoniente Fable philosophique moderne, Camping 2 est bien plus que la comédie gentiment goguenarde qui nous est vendue. |
Francais, 97 minutes. Avec Franck Dubosc, Richard Anconina. Pathé
Patrick Chirac est de retour sur la côte. « Chouette ! » crient les enfants, on va se payer une bonne tranche de rigolade. Mais ne vous y trompez pas : le personnage recèle pourtant à lui seul le questionnement spéculatif fondamental du film: Sympathie rime-t-elle avec beauferie ? Avec vista et malice, Fabien Ontoniente nous démontre que non, au cours d'une heure et demie où les fous rires succèdent aux réflexions, graves, mais finement désacralisées.
Nous retrouvons donc Patrick, affublé du même tee-shirt ridicule et d'un slip de bain d'une autre ère, bien décidé à revivre la formidable aventure humaine qui prend place chaque année au camping des flots bleus. Chez lui pourtant, quelque chose a changé, comme il ne manque pas de le signaler à ses compères dans une scène purement exquise : « Vous avez devant vous le nouveau Patrick Chirac ! ». Le « héros » - puisqu'il convient de l'appeler comme ça - y gagne en épaisseur et devient ici prétexte à l'installation de la thèse du film.
« Une ode à la bonté, à la solidarité, à la fraternité. »
Derrière la classique remise en question du personnage principal, utilisée à tort et à travers dans les suites de blockbuster, se cache ici un appel implicite et subtil à l'école socratique du « connais-toi toi-même ». Pourquoi cette invocation saugrenue du philosophe grec dans une comédie française grand public ? Pour servir une réflexion édifiante de franchise sur l'état catastrophique des mentalités : bornés, hautains et négligents, la plupart des personnages de Camping 2 ne sert que de symbole à une société qui ne se regarde plus dans le miroir.
Le paradoxe en devient saisissant, du tragique du propos au comique nonchalant cristalisé sur la personne de Patrick, qui diffuse la sensation jubilatoire, parce qu'il évolue, que rien au monde ne peut l'atteindre.
Définitivement,le film transpire l'intelligence et la réflexion. Témoignage sociologique des comportements amicaux/hostiles ? Réflexion socratique sur la remise en question ? Critique subtile du niveau dérisoire de fraternité contemporain ? Camping 2 est sans doute un peu de tout cela.
Ce film n'a rien de l'éloge dithyrambique à la beauferie dénoncé ça ou là, rien non plus du pastiche vide de sens moqué dans quelque critique malveillante. Il n'est rien moins qu'une ode à la bonté, à la solidarité, à la fraternité. Ontoniente tient son exploit : Camping 2 est une merveille.
Marie-ChristelleThéodorisée
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